La confiance en soi : une des clés de la réussite scolaire
Le manque de confiance en soi, un mal français
En 2018, un rapport rédigé dans le cadre du Grenelle de l’éducation indiquait que « les élèves français figurent parmi ceux qui ont le moins confiance en leurs propres capacités, sont les plus anxieux ». Et c’est pire pour les filles, dont « l’indice du sentiment d’anxiété est près de dix fois plus élevé que celui des garçons ».
Pour les auteurs de l’étude, ce déficit est d’autant plus regrettable que « les compétences comportementales telles que la confiance en ses propres capacités, l’estime de soi, la persévérance […] jouent un rôle central dans la capacité à apprendre ».
La confiance en soi, ça s’apprend
Bonne nouvelle (et halte au fatalisme !), la confiance en soi n’est pas un trait de personnalité. Loin d’être innée, elle correspond à une aptitude de savoir-être qui peut évoluer et être acquise. Parmi ces compétences dites « socio-comportementales » qui sont de plus en plus mises en avant dans la formation scolaire, on compte aussi la capacité à bien communiquer, à travailler en équipe, à s’organiser, à se fier à ses pairs…
Si les savoir-être sont devenus cruciaux aujourd’hui, c’est parce qu’ils permettent – plus que des connaissances techniques toujours plus rapidement obsolètes – de mieux s’adapter à un monde en perpétuelle mutation.
Avoir (ou pas) confiance en soi, qu’est-ce que ça veut dire ?
Distinguons ici l’estime de soi et la confiance en soi. L’estime de soi correspond à la perception que l’on a de ses qualités, de ses défauts, de son caractère, en bref, à la façon dont on se juge en tant que personne.
La confiance en soi concerne davantage le « faire », c’est-à-dire l’appréciation qu’une personne a de ses propres capacités, de son aptitude à faire face aux événements, à maîtriser ce qui lui arrive.
Ainsi, un élève peut avoir une solide estime de lui (« je suis quelqu’un d’aimable ») mais manquer de confiance en lui (« je ne suis pas capable de réussir »). Distinguer les deux permet de mieux identifier, le cas échéant, de quel ordre est la difficulté rencontrée.
Le terrain mouvant de la confiance en soi
Avoir confiance en soi, c’est donc se sentir capable de réussir. Chez un élève, elle correspond au sentiment d’adéquation entre ses ressources et ce qu’on lui demande de faire. Ce sentiment de compétence peut bien sûr fluctuer selon les domaines, surtout chez les plus jeunes. Un collégien peut par exemple se sentir tout à fait capable de réussir en mathématiques mais inapte dès qu’il s’agit de rédiger en français ou en histoire.
Contrairement à l’estime de soi, qui est davantage intériorisée, la confiance en soi évolue quasiment quotidiennement en fonction du vécu et de la confrontation aux autres.
Le manque de travail comme symptôme
Un élève peu confiant en ses capacités de réussite peut mettre en place une stratégie d’évitement qui consiste à ne plus travailler. Le schéma de pensée (inconscient, le plus souvent) est le suivant : si je travaille beaucoup et que j’ai une mauvaise note, cela signifie que je ne suis pas capable. Alors que si je ne travaille pas, il est normal que j’échoue puisque je n’ai rien fait !
Mieux vaut, en somme, passer pour un(e) fainéant(e) que pour un(e) « nul(le) » : les mauvaises notes sont vécues de façon beaucoup moins douloureuse si on n’a rien fait pour les éviter. C’est ainsi que, pour certains, le manque d’investissement scolaire devient une façon de préserver la confiance en soi.
Pour avoir confiance, il faut croire que l’on peut progresser
Dans les années 2000, Carol Dweck, professeure à l’université américaine de Stanford, a découvert que les élèves ont deux façons opposées de se représenter leur propre intelligence. D’un côté, il y a ceux qui la voient comme une donnée fixe, attribuée dès la naissance : leurs réussites comme leurs échecs sont pour eux le fruit de capacités innées. De l’autre, il y a ceux pour qui l’intelligence est malléable, et la persévérance un moyen sûr d’obtenir des résultats.
On l’aura compris, les petits théoriciens de l’intelligence « fixe » ont davantage peur de l’échec et moins confiance en eux. Selon Carol Dweck, avoir un état d’esprit « de développement » aurait une incidence très positive sur la scolarité, mais aussi sur tous les aspects de l’existence : il permettrait de vivre une vie moins stressante et de s’accomplir davantage.
(Re)prendre confiance en soi, ça se travaille !
Il n’y a bien sûr pas de recette miracle, il s’agit surtout de mettre en place de petites actions au quotidien qui, mises bout à bout, feront bouger les choses :
- Se fixer de petits objectifs, réalistes et atteignables (prendre la parole en cours au moins une fois dans la journée, apprendre dix mots d’anglais chaque semaine…). Les atteindre permettra à votre enfant de prendre conscience qu’il peut agir sur sa scolarité et voir ses efforts récompensés, ce qui est la base de la confiance en soi.
- Revoir ses méthodes d’apprentissage. Un collégien qui doute est parfois un élève qui n’a pas appris à apprendre et qui, face à l’exercice ou au devoir sur table, ne parvient pas à mobiliser ses connaissances. Apprendre à s’organiser, à gérer son temps, à utiliser des techniques d’apprentissage qui fonctionnent, suffit souvent à améliorer ses résultats et à se remettre en confiance.
- Lutter contre les pensées négatives. Quand on doute de soi, l’interaction entre les pensées et le ressenti est constante : le système fonctionne en boucle. Il faut donc apprendre à écouter sa « petite voix intérieure » afin de ne pas se laisser envahir par les idées insidieuses. On les chasse en se rappelant les moments où l’on a réussi et en n’hésitant pas à se dire « je suis prêt(e), je vais y arriver ! ».
- Prendre une posture de confiance. La façon dont on se tient a une influence sur la façon dont on aborde une situation ou une tâche. C’est pourquoi, plutôt que de se recroqueviller comme on a tendance à le faire quand on a peur – ce qui ne fait qu’aggraver le problème –, il faut se redresser pour se sentir plus confiant(e).
- Lutter contre la tentation de se comparer aux autres (tout particulièrement sur les réseaux sociaux) et prendre plutôt des points de comparaison par rapport à soi-même, afin de trouver des axes d’amélioration sur lesquels il est possible d’agir.
- Modifier son rapport à l’erreur, afin de ne pas voir cette dernière comme un échec mais comme l’opportunité de trouver une solution, une nouvelle façon de faire qui permettra de réussir la prochaine fois. Ne pas hésiter aussi à faire le bilan des moments difficiles passés : ont-ils été aussi terribles que ce que votre enfant avait imaginé ? Ne lui ont-ils pas permis de progresser ?